Que c’est-il passé cet été ? Les néobanques
Malgré le Brexit, le Royaume Uni demeure toujours le paradis des neobanques ou plutôt, comme on les appelle outre Manche, les « challenger banks ». Et si l’actualité y est plus riche qu’ailleurs, les startups du reste du monde n’ont pas chômé cet été…
Royaume Uni
Si 5 startups sont bien avancées dans leur processus de demande d’agrément auprès de la Prudential Regulatory Authority (PRA), pas moins de 14 autres ont initié cette démarche ! Et cela sans compter les Tandem, Atom , Masthaven, Oaknorth et Hamdem & Co qui on déjà reçu le feu vert de la PRA dans les douze derniers mois.
Starling Bank a reçu sa licence en juillet et a adopté Faster Payments. L’ouverture au public est prévue pour janvier 2017. La future banque – qui a levé près de 70 millions de dollars pour financer son lancement – a connu un parcours plutôt agité depuis novembre 2014, avec le départ d’un certain nombre de cadres clés… pour fonder Mondo !
Mondo, a elle aussi obtenu sa licence bancaire cet été. Pour accélérer son développement, elle cible a présent les étudiants et a souhaité réintroduire de la proximité client dans la banque mobile, en recrutant des Campus Insider chargé de promouvoir la nouvelle banque et participer à sa co-création. Les parrains les plus actifs seront récompensés… et tous pourront faire partie de manière prioritaire des stagiaires 2017 de la future banque !
Monda a également été obligé de changer de nom suite à un différend avec une entreprise titulaire d’une marque similaire. L’opération de « crowd naming » lancée pour solliciter des idées auprès des futurs clients et du public a abouti au nom de… Monzo !
Ce changement a été l’occasion pour l’équipe de Starling Bank de se faire un peu de publicité en réservant le nom de domaine getmonzo.co.uk, un nom similaire au getmondo.co.uk utilisé par Mondo, et en le faisant pointer sur un site vantant les mérites de Starling Bank ! Une plaisanterie d’autant plus savoureuse que Starling Bank est également un nouveau nom, le projet s’étant initialement appelé BankPossible.
Et ce changement n’est peut être pas le dernier, car Monzo est également très proche de Monizo, une startup qui souhaite lancer des services bancaires sur abonnement destinés aux freelances : dématérialisation des reçus de paiements, service de facturation intégré détectant automatiquement les règlements, prévisions en temps réels des impôts et taxes à régler, etc.
Des services à rapprocher de ceux d’une autre startup, Tide, qui vise elle les PME, avec une offre sans abonnement composé d’un compte, d’une carte et de nombreuses fonctionnalités pour faciliter la gestion : catégorisation automatique des mouvements, possibilité d’y attacher des pièces jointes reçus, factures, …), export automatisé vers les logiciels comptables du marché, etc.
Dans le domaine du corporate banking, une nouvelle banque en projet est apparue sur les radars cet été : Copernicus Bank. Un projet lancé et soutenu par Danela Ventures Partners Ltd, un cabinet de conseil, dont les contours restent plutôt flous pour le moment !
Parallèlement à cette ruée sur les demandes d’agrément pour devenir une banque de plein exercice, certaines startups suivent une voie différente. Ainsi Advanced Payment Solutions (APS) a demandé – et obtenu – un agrément limité aux seules activités de crédit ; et son fondateur clame haut et fort qu’il n’est pas nécessaire pour une fintech de devenir une banque pour offrir des services innovants à ses clients !
Enfin, des sociétés plus « traditionnelles » essaient d’entrer sur ce terrain, avec notamment l’arrivée prochaine de FinecoBank, une banque en ligne italienne filiale d’UniCrédit. Offrant tout à la fois des services bancaires classiques et des services de bourse en ligne, FinecoBank a remplacé les agences traditionnelles par des « boutiques » où les clients peuvent être assistés dans leurs démarches en ligne ou rencontrer un conseiller patrimonial. Le lancement au Royaume Uni – maintenu malgré la vente souhaitée de FinecoBank par Unicredit – s’appuiera uniquement sur les services en ligne : compte courant, épargne réglementée, épargne boursière.
Allemagne
O2 Banking a pris son envol. Les services bancaires de la filiale allemande de Telefonica entendent jouer la complémentarité avec les offres téléphoniques : l’ouverture d’un compte et son utilisation ouvrent ainsi la possibilité d’utiliser un plus grand volume de données.
Pour développer cette offre, Telefonica s’est appuyée sur Fidor, une banque disposant d’une licence lui permettant d’œuvrer dans toute l’Europe et capable de proposer des services en marque blanche. Sa plateforme bancaire est en effet commercialisée par une filiale et est ouverte à des partenaires via des API. Elle affiche des coûts de transaction 10 à 15 fois inférieurs à ceux de banques traditionnelles… La solution a d’ailleurs récemment été retenue par une future néobanque dédiée aux PME, Penta Bank.
Fidor s’est également développée de manière originale, en rassemblant autour d’elle une large communauté pour orienter sa stratégie. Et l’on peut faire partie de la communauté sans être client : il y a ainsi 350 000 membres pour 120 000 clients ! Mais l’actualité de Fidor cet été est principalement son rachat par le Groupe BPCE, un mouvement plutôt inattendu, et jugé défensif pour les deux parties ?
Fidor doit demeurer une entité indépendante au terme d’un rachat qui devrait se conclure en fin d’année, dans l’attente de l’approbation de la BCE, de la BaFin et des autorités allemandes de la concurrence. BPCE de son côté tirera partie du savoir faire de Fidor pour accélérer le déploiement de sa stratégie digitale, notamment en matière de souscription de compte 100% digitale. De son côté, Fidor entend s’appuyer sur le groupe bancaire français pour accompagner son développement à l’international : la société avait un peu plus tôt évoqué son intérêt pour s’implanter aux Etats Unis, après un lancement au Royaume Uni et une présence de sa filiale technologique au Moyen Orient.
Mais on pourrait également penser que ce mouvement est défensif, puisque Fidor a été dépassé largement en nombre de clients par Number26 ? Cette dernière affiche en effet un peu plus de 200 000 clients acquis en à peine 18 mois.
Eté bien rempli également pour Number26, puisque la startup a obtenu sa licence bancaire, ce qui lui permettra d’offrir des produits d’épargne, de crédit et d’assurance. Le premier d’entre eux est développé avec une autre startup allemande, vaamo, qui propose d’investir dans différents portefeuilles gérés par des robo-advisors.
La nouvelle banque, qui a changé de nom à cette occasion pour devenir N26 s’affranchira également à l’automne de Wirecard Bank, qui supportait son activité jusqu’alors.
Enfin, pour clore l’épisode douloureux des fermetures de compte expéditives et sans motifs, N26 a défini une « Fair Use Policy » qui associe une modification de ses tarifs. En fonction de l’usage du compte (revenus domiciliés ou non, et montant de ceux-ci), le client allemand de N26 aura droit de 3 à 5 retraits gratuits par mois, puis les suivants seront facturés 2€.
France
Payname devient Morning. La société, qui était initialement spécialisée dans le paiement des services à la personne, puis avait complété son offre avec une cagnotte en ligne, prépare sa transformation en néobanque. Annoncé pour octobre, la nouvelle offre associera des services classiques (compte, carte, virements et prélèvements, etc.) aux outils collaboratifs de la maison (cagnotte, partage des dépenses, …).
Les utilisateurs actuels de la solution pourront se préinscrire dès septembre
Reste du monde
Lunar Way, la néobanque danoise, a changé de partenaire bancaire pour Nykredit, le premier distributeur de crédit hypothécaire du Danemark. Ce dernier prend également une participation minoritaire au capital de la startup. Particularité de Lunar Way, la néobanque entend offrir un service homogène dans différents pays, en s’appuyant à chaque fois sur des partenaires locaux : un danois aura au final un compte tenu par une banque danoise, un suédois par une banque suédoise, etc. Son objectif est de recruter 85 000 clients scandinaves d’ici à la fin de l’année, avant de s’étendre à l’Europe entière.
Holvi, la startup finlandaise acquise par BBVA, a lancé sa carte de débit Holvi Business MasterCard en Finlande, Allemagne et Autriche. Holvi prévoit toujours d’opérer au niveau pan européen au titre d’établissement de paiement conformément à la Directive européenne sur les Services de Paiement. Particularité singulière, l’intégralité de son système d’information est hébergé dans le cloud d’Amazon (Amazon Web Services).
Mogo est une néobanque canadienne qui a séduit plus de 220 000 clients auxquels elle offre à présent trois produits innovants : un score de crédit gratuit, mis à jour mensuellement, un compte de paiement gratuit associé à une carte Visa Platinum prépayée également gratuite et une pré-approbation pour un crédit personnel. Fort de cette nouvelle offre, la première des « challenger banks » canadienne espère capter 1 millions de clients en trois ans.
Moven est si confiante dans la qualité de sa solution qu’elle propose de l’utiliser gratuitement et sans engagement. Pour cela, l’utilisateur peut connecter sa carte de crédit pour commencer à bénéficier de l’analyse de son comportement d’achat et de conseils personnalisés. Pour que l’ouverture d’un compte chez Moven reste attractif, les notifications de dépenses en temps réel, les retraits gratuits dans un vaste réseau de distributeurs, les capacités de transferts d’argent entre particuliers sans frais, etc. ne sont pas accessibles à ses utilisateurs non clients.
Neon est une startup brésilienne qui mise sur la biométrie : l’identification faciale remplace la saisie d’un identifiant et d’un mot de passe. Le compte proposé est associé à deux cartes de débit Visa, l’une physique et l’autre virtuelle pour les achats en ligne. La néobanque est également sans frais… et volontairement sans crédit !